Jardinier : les 5 faux plans


Internet est incontestablement devenu le meilleur ami du jardinier. Blogs, forums, tutoriels, YouTube, Pinterest, tout est bon pour s’inspirer et guider ses projets. Achetez vos graines sur les sites de vente en ligne, regardez des tutoriels pour apprendre à pailler, redécouvrez les calendriers de culture, etc. Dans une recherche de productivité et surtout de simplicité, le web fourmille d’idées innovantes. Des exemples d’installations ou de constructions de serres très originales peuvent parfois tenter le jardinier audacieux dans des projets très (trop ?) aventureux.

Serre walapini avec bacs de culture en bille d'argile = échec en vue pour le jardinier !
Serre walapini avec bacs de culture en bille d’argile = échec en vue pour le jardinier

Nous allons vous faire part de nos expériences et détailler les fausses bonnes idées qui circulent sur internet. « Pinterest jardinage » pourrait conduire certains d’entre vous à des impasses douloureuses, mieux vaut donc bien réfléchir avant d’agir.

Voici les 5 mauvais plans du jardinier, parce qu’un jardinier averti vaut mieux que deux !

Améliorer le sol avec de la terre importée

Commencer un jardin potager peut être très excitant, surtout pour les débutants.

Remettre les mains dans la terre et voir les premières graines germer, c’est agréable ! Bêcher vous donne le sentiment d’être à nouveau dans la terre et d’en avoir besoin – la première année, pourrait-on dire. Mais c’est nettement moins amusant lorsque la réalité des difficultés du sol nous rattrape :

  • Sol trop dur et argileux
  • Sol pierreux avec peu de terre
  • Sol sablonneux
  • Sol trop acide

La tentation du jardinier pourrait être d’utiliser la remorque pour aller chercher plusieurs tonnes de terre sablonneuse, d’argile ou de terre forestière fertile pour corriger l’état du sol. Bref, d’importer une terre de l’extérieur dans l’espoir de corriger radicalement la nature difficile de son potager. C’est une mauvaise idée. D’abord parce qu’elle est interdite (dans le cas de la terre forestière) et ensuite parce qu’elle est au mieux inutile, au pire contre-productive. Vous dépenserez beaucoup d’énergie pour des résultats décevants. De plus, un écosystème n’aime pas les chocs radicaux et ce n’est pas durable. Et de toute façon : vous ne pourrez changer que la texture de votre sol, mais pas sa fertilité.

Jardinier intelligent👍 :

Modifier durablement la nature du sol, l’objectif est de créer de l’humuscar c’est ce qui rend le sol fertile. C’est ce qui retient les minéraux pour les plantes. Pour créer de l’humus, il faut nourrir les organismes du sol. Les mesures suivantes sont préférables :

  • Utiliser de l’engrais vert, qui favorise les micro-organismes et fixe l’azote.
  • IIEn hiver, épandre du fumier (de préférence du fumier de cheval), environ 1 kg par m², superficiellement (ne pas saper).
  • Épandre du compost en cours d’année (de préférence du lombricompost), environ 1 kg par m², en surface.
  • Mettre du biochar sur le sol 500g par m², une solution très efficace pour rendre le sol vivant.
  • Correction du pH : dolomie pour les sols limoneux ou lithothamne pour les sols acides.
Biochar, une excellente solution pour le jardinier
Biochar (charbon végétal), une excellente solution pour le jardinier

Enterrer le bois pour construire des barrages en permaculture.

Si vous surfez fréquemment sur les sites de permaculture, vous avez sans doute vu cette illustration, un classique en la matière : le barrage « permaculturel ».

Enterrer du bois : une mauvaise idée de jardinier
Une colline en permaculture, une mauvaise idée ?

Le concept repose sur l’idée de remplir une butte de divers matériaux organiques (troncs d’arbres, branches, etc.) pour créer un sol autofertile. Il est vrai que le bois, par sa décomposition, nourrit les micro-organismes et fournit de l’azote aux plantes. Cependant, on oublie que l’oxygène est nécessaire à la décomposition biologique (digestion aérobie). Enfouir des matières organiques pour créer de la fertilité n’est donc pas la bonne méthode.

Jardinier intelligent👍 :

PaillageEn revanche, le paillage est une technique judicieuse car il favorise le développement des micro-organismes et le travail des vers de terre en hiver et limite l’évaporation de l’eau en été. Préférez un paillage à faible teneur en carbone si vous plantez rapidement (ex : foin), ou sinon un paillage plus permanent (ex : BRF) si vous laissez un peu de temps pour la décomposition avant la plantation. Sinon, suivez les conseils pour la formation d’humus mentionnés plus haut.

Montage d’une serre en plastique

Spontanément, on aurait tendance à dire : « Mieux vaut installer une serre en plastique que rien du tout, car pour un petit investissement, je peux pousser mes cultures et prolonger la saison des récoltes, et mon investissement est rentabilisé ». Oui, sauf que…

Serre plastique, grande déception du jardinier
Serre tunnel classique, 1000 € pour une durée de vie de 1 à 2 ans.

Le jardinier désargenté devra tout de même débourser au moins 80 € par mètre carré pour un modèle commercial ou en ligne, et la durée de vie d’une telle serre avec le changement climatique est de 1 à 2 ans. Soit 1000€ pour une serre de 12m². Or, il ne se passe pas une année sans qu’un événement météorologique important ne survienne (grêle ou vent de 100km/h). Le plastique se déchirera alors certainement et/ou la structure se déformera. La neige n’est pas non plus une bonne amie des serres tunnels (photos).

Jardinier intelligent👍 :

L’achat d’une serre de haute qualité faite de verre et d’un cadre en aluminium revient à environ 200 à 250 euros par m²en fonction de la taille, et a une durée de vie de d’au moins 25 à 30 ans. Ces serres ont d’ailleurs une garantie de 12 ans qui prouve qu’elles résistent au vent et à la neige (seuls les joints doivent être remplacés après une douzaine d’années). Ainsi, même le pauvre jardinier, s’il calcule correctement, se rendra vite compte qu’il vaut mieux investir un peu plus que de mal calculer à court terme. Mais il en est ainsi pour de nombreux achats.

« Et la grêle avec le verre ?« . Comme pour votre voiture, vous devez vous assurer que votre serre est équipée d’un verre trempé de 4 mm résistant à la grêle. Sauf, bien sûr, dans le cas de très gros grêlons qui pourraient détruire votre pare-brise, ce qui est beaucoup plus rare. Et même dans ce cas, la structure en aluminium n’est pas endommagée. Vous pouvez demander à votre compagnie d’assurance le remboursement du verre brisé (n’oubliez pas de déclarer la serre à la compagnie d’assurance).

Lancer un projet de serre Walipini

Dans la famille des faux plans trouvés sur internet : une serre Walipini enterrée. Cette pratique ancestrale n’a peut-être pas encore d’article sur Wikipédia, mais elle a déjà fait l’objet d’un grand nombre d’articles vantant les mérites de cette solution.

Lorsque les écarts de température entre le jour et la nuit sont importants, comme par exemple sur l’Altiplano en Bolivie, il s’agit d’un moyen très astucieux de faire pousser quoi que ce soit. Mais ce qui peut être une bonne idée à une latitude donnée ne l’est pas nécessairement à d’autres.

Serre Walipini : à proscrire pour le jardinier français
Serre Walipini : Une bonne idée… en Amérique du Sud

Alors oui, cette « bonne idée » est aussi arrivée en Europe il y a quelques années. Une grande enseigne de bricolage a même édité une publication sur le sujet. Et soudain, on voit nos jardiniers français se transformer en terrassiers vivants et creuser des mètres cubes de terre pour se plonger dans ce projet parce que ʻvu à la téléʼ (ou sur Pinterest). Pourquoi ne pas regarder la vidéo ? Rien ne vous choque ? Croyez-vous vraiment que des légumes vont pousser à plusieurs mètres de profondeur dans la cave, dans la forêt sans lumière et à l’ombre ? Tout cela pour résoudre un ʻnon-problèmeʼ, qui est la température.

Parce que oui, le premier paramètre fondamental dans la croissance n’est pas la température, mais la lumière (surtout en hiver). Et à plusieurs mètres sous terre, eh bien, on est à l’ombre, car nous ne sommes pas aux mêmes latitudes qu’en Amérique latine. On creusera donc pour se retrouver à l’ombre, sur le rocher, dans le sous-sol stérile, dans une zone facilement inondable, avec une structure probablement en bois et en polycarbonate qui occultera les derniers rayons indispensables du soleil, et enfin s’offrir un abonnement à vie chez l’ostéopathe.

Jardinier intelligent👍 :

Tout cela pour une variation de température non critique (en France, en Belgique ou en Allemagne). Une simple serre permettrait de contrôler l’amplitude par inertie et de préserver la lumière… Ou comment créer dix problèmes critiques pour en résoudre un non critique….

Culture en bacs avec billes d’argile

Nous vous avions déjà décrit les nombreux avantages de l’aquaponie. Cependant, les méthodes de mise en œuvre sont très différentes. La plupart des livres anglais que vous trouverez sur le sujet résument très correctement les principes théoriques de la culture aquaponique. Cependant, la mise en œuvre pratique qu’ils décrivent est fastidieuse, longue, expérimentale et peu productive.

Un exemple typique d’un plan erroné pour le jardinier aquaponique est la culture dans des conteneurs avec des billes d’argile. Pour une expérience dans un cours de SVT au collège, pourquoi pas. Pour nourrir une famille, non :

Aquaponie en billes d'argiles : la grande désillusion du jardinier
Des poissons dans un jardin d’hiver ? Prises 220v à côté de m3 d’eau ?
  • Rendement très, très faible par m² d’investissement matériel.
  • Résultats incertains notamment par rapport aux ratios à maintenir (azote, surface, eau).
  • La minéralisation limitée nécessite une cuve de minéralisation (+pompes et plomberie associée).
  • Difficile et impossible à nettoyer
  • Risque de pourriture dans certaines parties des réservoirs.
  • Des siphons souvent inopérants
  • Risque de déversement et/ou de mort des poissons.
  • Risque d’électrocution
  • Plastiques couramment utilisés qui ne conviennent pas aux aliments.
  • Non ergonomique
  • Forums comme seule solution agronomique d’accompagnement.
  • Souvent très moche (cuve IBC coupée en deux).

Jardinier intelligent👍 :

L’aquaponie clé en main dans une serre innovante, telle que proposée par Myfood, est basée sur 10 ans d’expérience et de développement en recherche et développement. Toutes les techniques risquées et non rentables ont été testées, éprouvées et écartées par des agronomes professionnels (billes d’argile, système de radeau, etc.). Bientôt un millier de serres Myfood ont été déployées dans plus de 20 pays depuis 2015, avec le soutien de la communauté bienveillante des cerfs qui a contribué au développement et à l’amélioration du produit. Le jardinier audacieux ne pourra plus jamais être déçu.



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